BRAVO à Bouchra GHEZIELLE

15 août 2005

Article du Parisien, lundi 15 août 2005 _ Voir aussi les photos de la championne de l' EA Franconville

Ghezielle, du bronze et des larmes

A PEINE SORTIE de la piste du stade olympique, Bouchra Ghezielle s'effondre sur une barrière et pleure à chaudes larmes dans les bras d'Odile Lesage, directrice de la communication de la Fédération française. Des larmes de joie. Alors quatrième du 1 500 m derrière le trio russe Tomashova-Chizhenko-Yegorova, la Tricolore se moque pas mal d'échouer au pied d'un podium mondial. Sa place sur la ligne suffit à faire couler des bulles de bonheur dans son regard. « Bien sûr, je suis heureuse, sanglote la sociétaire de l'EA Franconville. C'était ma première sélection mondiale pour la France et je suis fière d'avoir représenté mon pays. »

Une heure plus tard, le taux d'humidité remonte à nouveau dans le regard de la Française. Après la disqualification de Chizhenko, coupable d'une bousculade sur Jamal (Bahreïn), Ghezielle s'offre en effet un bronze inespéré ! Sur l'estrade protocolaire, la jeune femme de 26 ans semble presque ailleurs. « Je n'y croyais pas jusqu'à ce qu'on me mette la médaille autour du cou, raconte-t-elle, la voix brisée par l'émotion. C'est une grande surprise, mais ça prouve qu'il faut se battre jusqu'au bout. » Dans un coin de la tente qui abrite les conférences de presse, Salim Ghezielle écrase lui aussi une petite goutte avant d'étreindre longuement son épouse, drapée dans une bannière bleu, blanc, rouge. Comme deux tourtereaux seuls au monde.

« Avec son potentiel, cette médaille est juste une étape »

« Je suis heureux parce que, après six ans de galères, sans compétition mondiale, elle arrive à faire ça, sourit-il. Elle a vraiment démontré qu'elle a un fort caractère. Avec son potentiel, cette médaille est juste une étape. Mais quelle satisfaction ! »

Et quelle récompense, aussi, pour l'ancienne Marocaine, née Benthami, qui possède son passeport français depuis six mois et demi seulement. Après une longue attente, qui l'avait privée des Jeux olympiques d'Athènes l'an passé. « Avant la course, j'avais beaucoup de stress, confie la recordwoman de France du 1 500 m et du 3 000 m. On me disait que tout est possible dans une finale mais, moi, je n'y croyais pas. »

Après un départ prudent, Ghezielle ramène peu à peu sa frêle silhouette dans le premier tiers de la course. Coincée au milieu de quatre montagnes russes. « Elles ont fait une course d'équipe, observe-t-elle. Moi, j'ai fait ce que pouvais. Je suis même allée au-delà de ce que je pensais. En tout cas, comme je suis un peu maigre, j'ai pris quelques coups... »

La protégée d'Alain Lignier n'est pas la seule. L'élimination de Chizhenko en atteste. Mais qu'importe, Ghezielle ne renonce jamais. Elle l'ignore encore, mais elle court vers le bronze en réglant au sprint, dans les dix derniers mètres, Jamal (Bahreïn)et Sobaleva (Russie). Avant de noyer son euphorie dans un océan de larmes.

Pour en savoir plus : http://bouchra.ghezielle.free.fr/