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Gérard SEBAOUN - Conseiller municipal de Franconville
13 août 2007

L'histoire, une affaire de savoir, pas de morale.

A lire dans Libération http://www.liberation.fr/rebonds/271965.FR.php un article sur la vision historique élyséenne.

Si le sujet n'était très sérieux, j'ajouterai pour rire : "Vu de l'Elysée - Matignon"
[L'Elyseé - Matignon fut un club très prisé du showbiz dans les années 70-80]. On connait le goût immodéré du nouveau Président pour la starisation et les people.
Il a compris mieux que quiconque le phénomène incontournable (?) de la "starisation" de la vie politique. Pour exister, il faut être une "Star" ! Il a su habilement mettre en scène son hagiographie, la "réussite décomplexée et argentée". Beaucoup de français élevés au biberon de TF1 en rêvent. On peut le regretter, mais c'est ainsi.   

Histore_coloniale Iconographie Empruntée au Monde diplomatique

La mémoire partisane du Président
Par Catherine Coquery-Vidrovitch, Gilles Manceron et Benjamin Stora, historiens.

Extraits

On a vu apparaître, lors de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy, le thème du «refus de la repentance». Cette notion utilisée aussi sous la plume de quelques auteurs d’essais historiques polémiques, sans dire qui seraient précisément les «repentants» ni citer leurs écrits, renvoie principalement à la question de l’histoire coloniale, mais aussi à d’autres épisodes du passé, en particulier la période de Vichy et celle de l’Ancien Régime...

Etrange vision de ce passé que de penser qu’il n’y aurait que deux manières de le décrire : soit tout en noir, soit tout en blanc. Les historiens qui n’ont de cesse d’en analyser la complexité ne peuvent y souscrire, du moins ceux qui s’efforcent de se préserver des instrumentalisations politiques de l’histoire... 

Un tel positionnement était d’évidence dicté par un objectif bien actuel, non-historien mais politique : celui de revenir sur la cassure profonde de la droite française entre pétainisme et gaullisme qui s’est produite alors et de chercher à dépasser les blessures qu’elle a laissées jusqu’à aujourd’hui... 

Ainsi, dans le discours de Nicolas Sarkozy à Poitiers, le 26 janvier : la «gauche qui proclame que l’Ancien Régime ce n’est pas la France, que les croisades ce n’est pas la France, que la chrétienté ce n’est pas la France, que la droite ce n’est pas la France, cette gauche-là je l’ai accusée, je l’accuse de nouveau de communautarisme historique». Personne n’est cité, car on chercherait en vain un illuminé pour lequel la France n’aurait commencé à exister qu’en 1789, ou pour qui le Moyen Age ne ferait pas partie de notre histoire. Difficile, par exemple, d’attribuer une telle ineptie au brillant biographe de Saint Louis Jacques Le Goff, qui, en l’occurrence, a personnellement argumenté pour soutenir Ségolène Royal. Mais qu’importe, la référence aux croisades et à la chrétienté permet un discret rappel du discours clérical d’antan dénonçant les républicains athées et leur «école sans Dieu» et prônant l’alliance du trône et de l’autel. On invente un ennemi imaginaire pour faire passer un message politique utilitaire pour le présent.

Surtout, le thème vise à refuser un quelconque regard critique sur la colonisation. Pour rallier la fraction de l’électorat la plus nostalgique de l’Empire, souvent proche de l’extrême droite, le futur président de la République a laissé poindre une relance de l’éloge de la «colonisation positive» que voulait imposer, avec les résultats que l’on sait, l’article 4 de la loi du 23 février 2005. A la question du passé colonial sont ainsi sans cesse associées celles de l’immigration et de la «haine de soi». La nation devient un bloc insécable à défendre globalement au lieu d’être une nation dotée d’une histoire, où certains ont joué un rôle dont on peut être légitimement fier, et où, comme dans toute autre nation, d’autres ont pu apparaître plus discutables. Mais le seul fait d’évoquer cette réalité devient la volonté de dénigrer la France elle-même, posée comme un tout indivisible...

A l’opposé du travail historique, le discours de l’antirepentance entretient les guerres de mémoires. Il répond à des objectifs politiques, non seulement pour faire l’union des droites mais aussi pour gêner une gauche française qui, depuis sa coupure lors de la guerre d’Algérie, n’a jamais vraiment clarifié son discours sur la question coloniale. Exposé de manière beaucoup plus subtile, il s’apparente au discours contre «l’anti-France» ...

La seule demande réelle exprimée fortement dans notre société ces dernières années, en particulier depuis l’affaire Aussaresses et les réactions à l’article de la loi du 23 février 2005 n’est pas la repentance, mais bien la reconnaissance. C’est affaire non de morale, mais de savoir. Telle est la condition d’un véritable apaisement, aussi bien pour la société française, qui ne cesse de se diversifier, que, comme l’ont montré les réactions critiques de la presse africaine aux propos tenus le 26 juillet à Dakar par Nicolas Sarkozy, pour les relations futures entre la France et les pays qui ont été autrefois ses colonies.

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Commentaires
D
Jeune doctorant et allocataire en histoire, je vous invite à consulter mon site.<br /> http://lepapageno-histoire.blogspot.com<br />
D
L'histoire est une science, elle n'a pas à faire la morale et l'historien doit savoir se dégager de son temps, ne s'en tenir qu'à sa méthode pour la faire. Les auteurs de ce livre le savent bien. Sarkozy ne fait pas de l'histoire, mais de la mémoire. Comme toute mémoire, celle qu'il propose à la France est fautive, relative et révocable. Le politique manipule la mémoire pour créer du lien social. Cette mémoire est souvent, si ce n'est toujours, éloignée de l'histoire, mais qu'importe. Le problème est dans la confusion dans l'esprit de chacun de ces deux notions, "histoire" et "mémoire", qui amène des incompétents à traîner les historiens en justice et au Parlement à dicter ce qui est vrai ou convenable.
Gérard SEBAOUN - Conseiller municipal de Franconville
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