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Gérard SEBAOUN - Conseiller municipal de Franconville
12 août 2005

Carton rouge à l'office du tourisme du Cap d'Agde

carton_rouge

Les Maghrébins indésirables dans des hôtels et des locations du Cap-d'Agde
Les faits, qui datent de 2003, sont dénoncés à la justice par SOS-Racisme.
En pleine saison estivale, une affaire emblématique de discrimination raciale vient de rebondir judiciairement. A l'été 2003, l'office du tourisme du Cap d'Agde diffuse à ses employés une liste interne des hôtels et agences de locations saisonnières qui n'acceptent pas les «noms à consonnance M». «M pour Maghrébin», reconnaît la responsable des réservations en septembre 2003 lorsque les policiers l'interrogent dans le cadre d'une plainte de SOS-Racisme.

Les agences nient avoir passé des ordres discriminatoires et le procureur du tribunal de grande instance de Béziers décide, en 2004, de classer sans suite, pour «infraction insuffisamment caractérisée».

Révolté «par une décision qui garantit l'impunité de ceux qui discriminent», Dominique Sopo, le président de SOS-Racisme, a déposé, la semaine dernière, une citation directe pour relancer la procédure. L'office de tourisme, en tant que personne morale et sa responsable des réservations devront comparaître le 2 novembre devant le tribunal de Béziers, pour une première audience de consignation.

Lors de l'enquête, Viviane P. avait effectivement reconnu la mise à l'écart d'un certain public après la saison mouvementée de 1995, où des jeunes beurs venus d'Ile-de-France avaient tout cassé dans la station. «Certains hébergeurs nous ont demandé d'effectuer pour eux un refus des clients d'origine maghrébine», peut-on lire dans sa déposition. Les autres employés de l'office de tourisme confirment : «Nous devions orienter ces clients vers des agences qui n'émettaient pas de réserves envers cette race», dit Karine. La discrimination, indétectable pour les victimes, s'est ainsi perpétuée d'année en année, tacitement.

Lorsque SOS-Racisme est alertée en août 2003, elle lance deux testings. Le candidat au nom gaulois trouve alors sans difficulté une chambre d'hôtel et un appartement à louer, tandis que le Maghrébin est au même moment éconduit, par téléphone et sur place.

Cette année, pour maintenir la pression sur les professionnels du tourisme en attendant que la justice examine à nouveau cette affaire, les militants antiracistes étaient hier au Cap-d'Agde pour dénoncer les discriminations. Banderoles évoquant la ségrégation ou les «vacances interdites aux Arabes», distribution de tracts autour de l'office de tourisme, SOS-Racisme a également interpellé les ministres. Par courrier, l'association a alerté le ministre de l'Égalité des chances et demandé au ministre du Tourisme de retirer le pavillon bleu à la commune d'Agde : cette ville qui a «mis en place un système élaboré de discriminations, associant pouvoirs publics locaux et professionnels du tourisme».

Directeur de l'office de tourisme du Cap-d'Agde depuis 2001, Christian Bezes assure que, dorénavant toutes les demandes sont traitées. «Nous avons eu une réunion avec les hébergeurs en 2004 pour rappeler les règles. Cependant, nous ne sommes pas responsables du comportement des propriétaires ou des hôteliers.» Sous couvert d'anonymat, certains ne cachent pas leurs réticences : «Personne n'a oublié 1995»...

Le Figaro [12 août 2005] Cécilia Gabizon


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